Yves et moi avons quelques points en commun : nous sommes tous deux nés sous la quatrième république, partageons la même passion pour les dessous de la mer et ses habitants, goûtons le même plaisir du voyage, des rencontres et des nourritures nouvelles.

Pourtant, quand l’un musarde au rythme lent d’un foc tangonné, l’autre saute d’avion en avion, passe sans souffler des Cocos à Komodo, de Colombie britannique à Vanikoro, de Fidji à Bérénice.

Yves ne tient pas en place, se moque des décalages horaires comme des nuits blanches, ne connaît qu’une seule manière d’avancer : à fond.

L’unique moment où je le sais zen, c’est en plongée… Et encore : MF1 en 2003, BEES1 en 2005, MF2 en 2007, MF1 Bio en 2009. Moi qui aie attendu plus de vingt années entre l’antique moniteur auxiliaire et le MF2, cette progression est tout bonnement sidérante. Je passe sous silence sa vie d’avant, son travail d’ingénieur électronicien, les entreprises créées et revendues, tout cela appartient à un Yves que je n’ai pas connu mais que j’imagine sans peine : une bête de travail.

N’empêche, ce type est formidable. Sa passion des petites comme des grosses bêtes marines est communicative et, avec elles, sa patience devient bizarrement sans limite.

Et puis j’oubliais l’essentiel : Yves est un irremplaçable équipier. À bord d’un voilier, son énergie et son égalité d’âme vous interdisent tout, la colère et les tours de rein, le fauber et la vaisselle ! Un ami.
Pierre MARTIN-RAZI .